Interview : Yacine Idriss Diallo : « Nous avons le droit de prétendre à une place au Conseil de la FIFA. »
17 février 2025
Yacine Idriss Diallo, président du Comex de la FIF
La semaine dernière, le président de la Fédération Ivoirienne de Football Yacine Idriss Diallo a accordé une interview à LA3 du groupe RTI. Une interview captivante au regard de la qualité des questions-réponses. Raison avouée pour Tatou-sports.net de la transcrire en faveur de plusieurs de ses lecteurs en ligne.
LA3 : Bonjour président, comment vous portez-vous ?
Yacine Idriss Diallo : merci pour cette opportunité que vous me donnez d’échanger. Par la grâce du Seigneur, je vais bien Alhamdoulilah.
LA3 : après le sacre à la CAN, quel est votre prochain objectif ?
YID : déjà, il faut que nous rendons grâce à Dieu pour cette victoire que nous avons obtenue le 11février 2024. Donc on rend d’abord grâce à Dieu pour cette belle victoire que nous avons obtenue. Ensuite, oui, en terme d’objectif, nous avons été clairs. Nos objectifs, c’était la CAN, la meilleure des CAN et puis le deuxième objectif, c’est la qualification pour la Coupe du monde. Nous allons nous concentrer dessus, au plan sportif en tout cas pour que nous puissions garder la tête de notre poule et finir premier et, nous qualifier pour la prochaine Coupe du monde.
LA 3 : quel bilan faites-vous à bientôt trois années de mandat ?
YID : nous avons été élus exactement le 23 avril 2022 et nous avons pris fonction le 4 mai avec mon Comité Exécutif. Aujourd’hui, nous sommes à bientôt 3 des 4 ans de notre mandat. Comme je dis souvent, le bilan, je pense que ce n’est pas à moi de le faire, mais c’est à ceux qui m’ont élu, à ceux qui nous regardent de faire le bilan. Nous avions en gros treize engagements. Nous avions respecté 12 des 13 engagements. Le seul engagement que nous n’avons pas respecté, c’était d’aller aux JO de Paris. C’était un de nos objectifs sportifs que nous n’avons pas pu réaliser. Mais que ce soit nos engagements sur les subventions, on les a respectés. On les a fait passer à 100 millions de FCFA en Ligue1, 50 millions de FCFA en Ligue 2 et 30 millions de FCFA en D3. Que ce soit nos engagements sur le Smic des joueurs, on les a respectés. Aujourd’hui, les joueurs ont leur Smic dans les différentes compétitions. Que ce soit nos engagements sur la structuration des clubs, aujourd’hui, il y a des obligations. Chaque club a au moins un secrétaire, un responsable financier. Là aussi, les choses ont bien avancé. Que ce soit nos engagements sur l’arbitrage, on a respecté notre engagement pour la professionnalisation de l’arbitrage. On est en train de se préparer pour lancer la VAR d’ici à quelques temps. Que ce soit nos engagements sur le renforcement du football des jeunes, on les a aussi respectés. Aujourd’hui, on a deux équipes qui vont être en compétitions de jeunes, la CAN U17 et la CAN U20. Depuis bientôt deux ans, nos jeunes participent régulièrement aux tournois de Montaigu et de Toulon avec des résultats assez intéressants. Que ce soit le renforcement du football féminin, là aussi, on a respecté nos engagements puisque on a des équipes de jeunes de football féminin maintenant. On a un championnat de football féminin de Ligue1 et de Ligue 2. On vient de recruter un entraîneur de très haut niveau pour le football féminin afin que l’équipe A féminine soit dans les meilleures conditions possibles.
Que ce soit nos engagements pour la Ligue1 masculine, on a renforcé nos activités. Les compétitions se déroulent régulièrement. On a dit qu’on allait aller sur les stades de l’intérieur, on est reparti sur les stades du pays. Pour l’instant, on est dans notre tableau de marche. On avait un projet et, c’est un projet que nous sommes en train de déployer.
LA3 : dans un an il y aura encore des élections à la FIF, serez-vous candidat à votre propre succession ?
YID : écoutez ! quand vous vous présentez à une élection, vous vous présentez avec un programme. Et ce programme a des objectifs. Et tant que vous n’avez pas rempli tous vos engagements, vous ne pouvez pas dire que vous êtes candidat. Ça n’a pas de sens parce qu’il faut d’abord montrer ce que vous êtes capable de faire et, réaliser ce que vous avez promis. À la date d’aujourd’hui, oui, je peux estimer que j’ai réalisé tous mes engagements. Et, fort de cela, je me présenterai Inch’Allah aux prochaines élections si Dieu me donne la santé, la vie et les moyens.
LA 3 : évoquons le chapitre international de votre gouvernance. Quels sont vos rapports aujourd’hui avec les présidents de la CAF et de la FIFA ?
YID : nous avons d’excellents rapports. La Côte d’Ivoire, grâce à la vision du président Alassane Ouattara, a organisé une des plus belles CAN jamais organisée. Au plan organisationnel, on a eu l’opportunité de recevoir ces hautes autorités que sont le président Gianni Infantino qui est venu deux fois en Côte d’Ivoire en moins d’un an. Que ce soit le président Motsepe, qui, lui alors, est venu X fois. Tout s’est bien passé. Ce sont des personnes qui ont été reçues par nos plus hautes autorités, par le Chef de l’Etat et par le Premier ministre. Le président Motsepe et Veron ont été décorés. Je peux dire que avec les instances du football continental et du football mondial, nous avons d’excellents rapports.
Candidat à sa propre succession, Yacine Idriss Diallo, le président du Comex de la Fédération Ivoirienne de Football est engagé à respecter les 13 engagements.
LA 3 : qu’est-ce qui a motivé votre candidature au Conseil de la FIFA ?
YID : nous sommes une nation majeure. Nous avons démontré aujourd’hui notre capacité à organiser de grands évènements, à les accueillir, à les piloter et, aussi à les gagner. Je pense que notre nation figure aujourd’hui parmi les nations les plus titrées sur le plan africain et, nous avons eu en moins d’un an, plus de vingt pays qui sont venus jouer sur nos infrastructures. Aujourd’hui en Afrique, le pays leader, en ce qui concerne la gestion des activités du football, c’est le Maroc. Et, nous sommes tous émerveillés par leur capacité et par le niveau auquel ils ont mis leur organisation. Nous nous servons de ce pays comme modèle. Je pense que à côté du Maroc, nous avons tout à fait le droit de prétendre à une place au Conseil de la FIFA pour essayer d’apporter notre contribution modeste à ce niveau là au développement du football mondial et, au renforcement surtout du football africain.
LA 3 : une fois élu, quelle sera votre feuille de route pour le football africain ?
YID : je pense que le football africain aujourd’hui est à un niveau relativement important mais nous pouvons améliorer et gagner des performances en compétitivité, en disponibilité, en visibilité et, ce sera notre mission aux côtés du président Motsepe qui va diriger la délégation africaine à la FIFA pour soutenir le président Gianni Infantino parce qu’il faut reconnaître que depuis qu’il est à la tête de la FIFA, l’Afrique a bénéficié de nombreux avantages dont les projets Forword. Aujourd’hui, on n’a pas moins de neuf représentants à la Coupe du monde FIFA et des représentants à la Coupe du monde des clubs. Je pense qu’on est dans une très belle dynamique. Notre rôle sera d’appuyer le travail colossal abattu par le président Gianni Infantino à la tête de la FIFA.
LA 3 : quelles sont vos chances de victoire ?
YID : si vous allez à une compétition, c’est que vous souhaitez la gagner. Après, tous ceux qui vont à la compétition souhaitent aussi la gagner. Je respecte tous mes adversaires et, je comprends qu’ils aient les mêmes ambitions que nous mais, nous ferons de notre mieux pour gagner comme on l’a toujours fait pendant les élections ivoiriennes de football que ce soit pendant la préparation de la CAN lors de laquelle nous avons travaillé avec abnégation, avec sérieux, avec rigueur, avec engagement et humilité pour nous donner toutes les chances de réussir. Après, au-dessus de nous, il y a Dieu. Inch’Allah, sa décision, quand il la prendra, nous la respecterons.
LA 3 : craignez-vous la concurrence sous régionale des présidents de fédérations du Niger, du Bénin ou encore du Sénégal ?
YID : ce sont des collègues avec qui j’ai d’excellents rapports donc je respecte leur candidature mais je ne la crains pas. Je respecte tout le monde mais je ne crains personne. Je crains seul Dieu.
LA 3 : la cérémonie de la pose de la première pierre du nouveau centre technique a été vue par certains comme un acte de campagne. Que répondez-vous ?
YID : ça peut être perçu comme cela mais, c’est simplement quelque chose qui est dans la continuité de ce que l’Etat de Côte d’Ivoire fait. L’Etat de Côte d’Ivoire a mis en place une stratégie avec des stades de qualité. On a reçu plus de vingt pays en moins d’un an. Ensuite grâce à ces stades, on peut offrir des solutions régionales pour toutes les équipes qui viennent. Donc moi, à ma qualité de président, je poursuis le travail de mon pays en recevant mes collègues à l’occasion de la pose de la première pierre du Centre Technique. Si cela est perçu comme un acte de campagne, je dirais, c’est possible. Et, je ne vais pas m’en priver si ça me donne l’opportunité de faire campagne, bien au contraire, faut pas qu’on soit hypocrite, mais c’est simplement que notre pays veut et doit exister comme étant un leader dans le football africain tant par les résultats que par l’organisation et par la présence. C’est ce qu’on appelle le Soft-Power que beaucoup de pays ont compris dans le monde. Aujourd’hui, des pays comme le Qatar, l’Arabie saoudite et, le plus bel exemple, c’est le Maroc qui est leader dans ce domaine là.
LA 3 : qu’est ce qu’on peut vous souhaiter président pour la suite ?
YID : Alhamdoulilah ! déjà la santé. C’est le plus important. Et puis, comme je vous l’ai dit, on a des échéances. Je vais tout faire pour être élu au Conseil de la FIFA Inch’Allah le 12 mars prochain en Égypte. J’espère que le Seigneur me permettra d’avoir cet honneur. Derrière, nous allons tout faire pour que notre équipe nationale se qualifie pour la Coupe du monde où nous n’avons plus été depuis 2014. Par la suite, nous avons des challenges comme participer à la CAN U17. Là, on vise le dernier carré pour être à la Coupe du monde des U17. Nous avons l’organisation de la CAN U20 en Côte d’Ivoire du 26 avril au 18 mai prochain. Faire en sorte que notre équipe soit dans le dernier carré pour se qualifier pour la Coupe du monde des U20. On a les éliminatoires de la CAN féminine. On espère que Reynald Pedros pourra travailler avec engagement pour que nous puissions nous qualifier. Derrière, avec la nouvelle DTN, on va mettre beaucoup de moyens pour pouvoir former les formateurs pour suivre les jeunes. C’est un calendrier des projets qui sont importants qu’on va essayer de mener à bien.
LA3 : un mot à l’endroit du groupe RTI plus particulièrement LA3 ?
YID : effectivement, la RTI est notre partenaire stratégique depuis quelques temps. Nous les remercions pour leur implication. LA3 est une chaîne qui s’occupe spécifiquement des activités sportives en général et du football en particulier. Je crois d’ailleurs que nous sommes la seule activité pour laquelle vous avez un débat quotidien que vous animez avec beaucoup de plaisir. Donc on souhaite pouvoir vous donner de la matière pour que vous puissiez (rires) alimenter vos débats.
