Interview exclusive avec Joseph Antoine Bell, PCA de l’ONIES du Cameroun

31 décembre 2024 Non Par admin
L'émérite consultant sportif de RFI Joseph Antoine Bell, PCA de l'ONIES du Cameroun

L’émérite consultant sportif de RFI Joseph Antoine Bell, PCA de l’ONIES du Cameroun

« La CAF a récemment récompensé le président Paul Biya pour la qualité des infrastructures « .

Ancien gardien de but, Joseph Antoine Bell évolue d’abord au Cameroun à l’Eclair de Douala, et à Oryx de Douala, puis à Prison’s de Buea, avant de signer à l’Union Sportive de Douala (1975-1980). Il prend l’avion pour la Côte d’Ivoire en 1980 où il joue à l’Africa Sports sous la présidence de ZS (1980-1981). Le club égyptien de Moqaouloun al-Arab l’engage de 1981 à 1983. En 1985, Joseph Antoine Bell atterri en France où il évoluera à l’Olympique de Marseille entre 1985 à 1988. Peu après, il deviendra le portier du SC Toulon Var
(1988-1989), ensuite du Girondins de Bordeaux
(1989-1991) puis de l’AS Saint-Étienne (1991-1994). JoBell a porté la couleur de l’équipe nationale du Cameroun de 1976 â 1994 soit 70 sélections.
Après avoir raccroché les crampons, le double champion d’Afrique des Nations de Football (CAN), Bell est propulsé consultant pour Africa 24 et RFI.

Joseph Antoine Bell est le premier président du Conseil d’Administration (PCA) du Comité d’Orientation de l’Office National des Infrastructures et Équipements Sportifs (ONIES) du Cameroun depuis le 6 février 2023 suite à sa nomination par décret présidentiel. L’ancien gardien des Lions indomptables du Cameroun est chargé de s’assurer de l’entretien, de la maintenance, de l’exploitation, de la sécurisation, du développement et de la pérennisation des infrastructures et équipements sportifs, ainsi que des installations connexes spécifiques réalisés ou aménagés par l’Etat camerounais.
Double vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations de Football (CAN) en 1984 et en 1988, il demeure le Meilleur gardien de but de la CAN Côte d’Ivoire 84. La légende du football camerounais, l’éloquent Joseph Antoine Bell, très décontracté, courtoisement, a accordé une interview exclusive à Tatou-Sports.net. Lisez-le !

La légende Joseph Antoine Bell, ancien gardien de but de l'olympique de Marseille/France

La légende Joseph Antoine Bell, ancien gardien de but de l’olympique de Marseille/France

Tatou-Sports.net : bonjour la légende Joseph Antoine Bell ! Tatou-Sports vous remercie pour lui avoir accordé cette interview.

Joseph Antoine Bell : bonjour également à vous et au personnel de Tatou-Sports lequel fait un excellent travail.

Tatou-Sports.net : vous êtes le Directeur de l’ONIES au Cameroun. Quelles sont les difficultés dans l’exercice de votre fonction ?

Joseph Antoine Bell : Je suis plutôt Président du Conseil d’Administration de l’Office National des Infrastructures et Equipements Sportifs du Cameroun (ONIES). L’office a été nouvellement créé mais ça marche bien. Les infrastructures sont bien entretenues. On se bat pour mettre les choses en place. La CAF a récemment récompensé le président Biya pour la qualité des infrastructures. On se bat pour que ça aille beaucoup mieux.
Je crois que la première des choses qui est un problème dans la gestion de quoi que ce soit au Cameroun et en Afrique en général, c’est que les populations n’ont pas l’habitude de s’acquitter d’un droit quelconque parce que nous croyons que le fait d’être simplement nés suffi pour donner le droit de vivre et de vivre gratuitement. Non. Les hôpitaux publics sont aussi payants parce qu’il faut que quelqu’un paye. Et même quand ils sont subventionnés par les impôts donc par l’Etat et donc par tout le monde, il reste sur la contribution individuelle. Nous sommes très prompts à adhérer ce qui se passe ailleurs mais nous ne mettons jamais cela en relation avec la contribution des uns et des autres. Pour avoir de belles voûtes, il faut savoir que quelqu’un paye. Pour avoir des hôpitaux fonctionnels, il faut que quelqu’un paye. Pour avoir des transports, il faut que quelqu’un paye et le quelqu’un qui paye c’est l’usager. C’est celui qui utilise qui doit payer donc les sportifs en général, les spectateurs aussi doivent savoir que pour les équipements sportifs, il faut que quelqu’un investisse, que quelqu’un les entretient surtout. L’Etat peut toujours en construire mais il faut qu’il soit entretenu. Et comme on ne peut pas, et c’est la nature de l’impôt, on ne peut pas imposer à ceux qui n’utilisent pas de payer. Vous payez l’autoroute quand vous l’emprunter. Celui qui ne prend jamais la route ne payera pas l’autoroute. Vous payez les frais d’hôpitaux quand vous y allez. Si vous n’êtes jamais malade, on ne va pas vous demander de venir payer. Si vous voulez une ville propre, il faut des toilettes publiques pour qu’on ne se soulage pas partout ainsi vous contribuez lorsque vous vous soulagez dans ces toilettes. Si vous n’y allez pas, vous ne contribuez pas (rires). Il y a des transports, des avions, des aéroports, si vous ne voyagez jamais, vous ne payez pas mais si vous vous voyagez, vous devrez contribuer. Donc le premier problème, c’est cette pédagogie pour faire comprendre à tout le monde que il faut contribuer pour avoir des infrastructures de qualité qui seront toujours disponibles et sortir de l’époque où le stade était composé que du béton, la clôture et des gradins, pas de confort, et personne ne se plaignait des pelouses mal entretenues ou pas entretenues du tout.

Tatou-Sports.net : que pensez-vous du niveau où joue le gardien international camerounais Onana et du sélectionneur Marc Brys ?

Joseph Antoine Bell : Aujourd’hui, André Onana fait parti des meilleurs gardiens de but en Afrique. Il nous fait honneur depuis des années. Quasiment depuis ses débuts quand il évoluait à l’Ajax d’Amsterdam, c’était déjà très correct. Il est passé à l’Inter puis à Manchester United, nous sommes tous fiers de le voir évoluer à ce niveau. Nous croisons souvent les doigts pour que toute son équipe réussisse parce qu’après tout, aucun joueur n’est tout seul. Vous jouez bien d’accord mais vous jouez au sein d’une équipe et vous gagnerez d’autant plus qu’un match que votre équipe c’est-à-dire tout l’ensemble du groupe est meilleur. Donc, je lui souhaite de pouvoir être bon mais aussi jouer dans une équipe qui soit performante.
S’agissant du sélectionneur Marc Brys, au football, je sais tout simplement que lorsque une équipe n’a pas de résultats, celui qui paye souvent la facture, c’est l’entraîneur. On le considère responsable des résultats de l’équipe. Il est donc logique quand une équipe gagne ou en tout cas ne perd pas que le mérite en revienne aussi à l’entraîneur si ce n’est pas d’abord à l’entraîneur et ensuite à ses joueurs. Donc les résultats de l’équipe nationale du Cameroun plaide en faveur de Marc Brys. Pour moi qui ai eu la chance de les voir jouer, ils jouent beaucoup mieux qu’auparavant donc ce sont des résultats mérités. Je leur souhaite de pouvoir continuer à s’améliorer pour avoir toujours de bons résultats puis continuer d’être performants tout en donnant du plaisir aux spectateurs qui les regardent toujours.

Tatou-Sports.net : Quelle observation faites-vous des Awards CAF 2024 ?

La légende Joseph Antoine Bell, gardien de but international du Cameroun exulte à la suite d'un brillant match

La légende Joseph Antoine Bell, gardien de but international du Cameroun exulte à la suite d’un brillant match

Joseph Antoine Bell : À propos des Awards CAF, il faut savoir que je suis membre du jury. Il est de mon devoir de ne pas commenter les résultats et de ne pas donner un avis personnel et de donner plutôt un avis général parce que je ne vais pas remettre en cause les résultats proclamés par la CAF qui émanent des votes de tous les membres du jury. Donc il n’y a pas à opposer des votes individuels aux résultats collectifs. Pour moi, ceux qui gagnent, sont ceux qui ont mérité par le système qui a été mis en place. Si vous contestez le système, vous ne participez pas. Si vous acceptez de participer, vous ne remettez pas en cause le résultat final donc je pense que le gardien de but sud-africain Williams comme les autres méritent les distinctions qui leur ont été accordées et qu’ils sont à féliciter. Ce que je dis en mes différentes qualités, c’est que le football est d’abord un sport collectif donc le résultat attendu c’est celui du match. Maintenant, quant aux distinctions qui sont un ajout pour animer la vie du sport en général, la vie du football en particulier, tous les supporteurs doivent savoir que tous ceux qui sont distingués dans tous les cas, sont toujours parmi les meilleurs. De la même manière qu’on gagne un match 1-0, c’est-à-dire par la plus petite des marges, celui qui n’a pas marqué a perdu, celui qui a inscrit un petit but a remporté la victoire. Il n’est pas question de dire que la différence était mince. C’est exactement la même chose dans les distinctions individuelles où vous ne serez pas deux parce qu’il y en aura qu’un. Ça ne sert à rien d’essayer de faire valoir qu’un autre aussi méritait parce que de toute façon tout le monde n’aura pas la distinction. Je pense qu’il faut considérer ces Awards CAF comme une fête et que les vainqueurs doivent être applaudis par tous. Faudrait comprendre que les Awards CAF récompensent les joueurs sur une saison et quelques fois sur une compétition. Dire si l’un ou l’autre est meilleur, le football se joue au présent. Ce n’est pas un diplôme définitif. Vous avez un match. Celui qui est meilleur ce jour-là gagnera et ça restera qu’il a gagné. Pendant que l’Afrique du Sud faisait une belle CAN, le Cameroun était passé par la fenêtre donc il est difficile pour un joueur camerounais de rivaliser sur les distinctions individuelles avec un joueur qui, lui, a été au bout de la compétition.

Tatou-Sports.net : que dites-vous de l’international malien Yves Bissouma ?

Joseph Antoine Bell : Bissouma est indiscutablement un très bon joueur. Je pense qu’il le prouve régulièrement à Tottenham et en équipe nationale du Mali. Je lui ai déjà dit, les résultats sont collectifs. Il ne s’agit pas d’avoir un seul bon joueur. Il s’agit plutôt d’avoir une équipe. Yves Bissouma est un très bon joueur. Il peut faire de belles choses s’il continue de travailler.

Tatou-Sports.net : les éliminatoires de la CAN 2025 sont terminées en 2024 mais la phase finale devra débuter en décembre 2025. Qu’en dites-vous ?

Joseph Antoine Bell : Je n’ai pas de commentaire particulier. Pour moi, il faut pour chacune des équipes comme des individus dans la vie, essayer de tirer profit de chaque situation. Si les équipes sont qualifiées un an avant la CAN au Maroc en 2025, ça veut dire que vous aurez douze mois pour préparer votre compétition. C’est vrai qu’en Afrique, généralement, on ne sait pas s’organiser, planifier et se préparer. Selon moi, c’est aussi une chance de se dire que entre les qualifications et la phase finale, on a le temps, en même temps qu’on joue les éliminatoires de la coupe du monde, les équipes se rôdent pour la phase finale de la CAN.

Tatou-Sports.net : sous nos tropiques, plusieurs footballeurs fondent des académies de football après avoir mis un terme à leur carrière. Bell a-t-il une académie ?

Joseph Antoine Bell : Non, Joseph Antoine Bell n’a pas une académie de football mais Joseph Antoine Bell est une académie (rires). J’encourage tous ceux qui en créée. Cela aide à encadrer les jeunes pour autant que tout le monde ait toujours à l’esprit l’encadrement des jeunes.

Tatou-Sports.net : quel est l’événement qui vous a le plus marqué dans votre carrière de footballeur ?

Joseph Antoine Bell : l’événement qui m’a le plus marqué n’est pas un événement ponctuel. C’est simplement que j’ai été marqué par ma carrière, marqué pour la vie. Dans ma vie, après ma carrière, précisément ma carrière me sert beaucoup. Elle m’est très utile. J’ai fait une carrière les yeux bien ouverts pour d’abord voir beaucoup ensuite pour apprendre beaucoup enfin, pour retenir beaucoup.

Tatou-Sports.net : que pensez-vous des gardiens de but du 21è siècle ? Quels conseils avez-vous à leur donner ?

D'une remarquable habileté et  agilité, Joseph Antoine Bell sur une parade académique latérale capte le cuir.

D’une remarquable habileté et agilité, Joseph Antoine Bell sur une parade académique latérale capte le cuir.

Joseph Antoine Bell : Non, je n’ai pas de conseils à donner aux gardiens de but. De toute façon, je pense qu’ils ont la chance d’avoir des entraîneurs dans leur domaine spécifique. Ils progessent beaucoup. Les conseils, leurs entraîneurs leur en donneront. Et si il y en a un qui pense qu’il a besoin d’un conseil particulier de ma part, c’est à lui de me le demander (rires). Il n’y a pas de conseils comme ça, prêt-à-conseiller, qu’on donnerait à tout le monde dans une interview, je leur conseille ceci ou cela.

Tatou-Sports.net : avez-vous un fils footballeur ?

Joseph Antoine Bell : J’ai deux fils qui ne sont pas des footballeurs professionnels. Ils ont joué à leur niveau. Depuis quelques années, un de mes fils réside aux États-Unis où il fait les études. Il n’avait pas pour objectif de jouer le football professionnel. Oui, j’ai des fils qui jouent, qui aiment le foot, qui connaissent le foot mais qui ne sont pas des professionnels de foot.

Tatou-Sports.net : mots de la fin ?

Joseph Antoine Bell : mes salutations très amicales au public sportif malien.

Interview réalisée par Sékou Saïd Diarrassouba