COUPE DU MONDE DE FOOTBALL: QUAND LES PETITS CRÉENT LA SURPRISE

COUPE DU MONDE DE FOOTBALL: QUAND LES PETITS CRÉENT LA SURPRISE

12 décembre 2022 Non Par admin

La Coupe du monde est faite d’histoires étonnantes, parfois surprenantes, à l’image des parcours invraisemblables de la Corée du Sud en 2002, du Costa Rica en 2014 ou des succès insoupçonnables de la Corée du Nord et du Cameroun voire le parcours du Maroc.

Premier de son groupe devant l’Espagne et l’Allemagne, cette année au Qatar, le Japon est à son tour en train d’écrire un morceau d’histoire. Retour sur les cinq plus grosses surprises en Coupe du monde.
On ne sait pas de quoi demain sera fait pour le Japon mais il faut bien avouer que l’effet de surprise est déjà là. Qui eut cru à un tel scénario dans le groupe E de la Coupe du monde au Qatar ? Après avoir renversé l’Allemagne (2-1) lors de son premier match, le Japon en a fait tout autant avec l’Espagne (2-1) et s’est ainsi offert la première place, le luxe aussi d’éliminer la Mannschaft. Il fallait y penser…

La sélection nippone, dont c’est la deuxième qualification consécutive en 8è de finale, est l’air de rien en train d’écrire un nouveau morceau d’histoire dans le grand livre de la Coupe du monde. Cet ouvrage qui regorge de scénarios farfelus et dont il est parfois bon de se souvenir, comme pour rappeler combien le football n’est pas une science exacte.

LE JAPON EN 2022
Le pays du Soleil levant s’est arrêté en 8ès de finale cette année – face à la Croatie de Luka Modric – mais son exploit est déjà bien concret. Il en englobe même deux bien distincts, contre l’Allemagne puis l’Espagne, qui sont inscrits dans l’histoire du Mondial.

COMMENT LE JAPON A FORGÉ SES VICTOIRES CONTRE
L’ALLEMAGNE ET L’ESPAGNE ?

Le Japon n’est que la troisième équipe à remporter deux de ses matches d’une édition après avoir été mené à la mi-temps. Seuls le Brésil de 1938 et l’Allemagne de 1970 avaient ainsi réalisé une telle prouesse. La sélection nippone ne l’a en plus pas fait contre n’importe qui, face à deux nations qui ont chacune été sacré championne du monde au XXIe siècle. Hajime Moriyasu et ses joueurs se sont attaqués à leur plafond de verre puisqu’ils n’ont jamais fait mieux qu’un 8ès de finale en Coupe du monde. Et, c’est justement à ce stade de la compétition qu’ils ont été éliminés par la Croatie.

LE COSTA RICA EN 2014

Personne n’avait vu venir les Ticos au Brésil. Qui plus est dans une poule où étaient amassées trois équipes championnes du monde, en l’occurrence l’Uruguay, l’Italie et l’Angleterre. Croyez-le ou non, le Costa Rica a signé la plus grande performance de son histoire en grillant la politesse à tout ce beau monde et en s’emparant de la première place. Portée par un grand Keylor Navas dans les buts, lequel a ensuite très vite exporté son talent, la sélection centraméricaine, dont ce n’était que la quatrième participation, a surpris dans les grandes largeurs en dominant d’abord l’Uruguay d’Edinson Cavani et de Diego Forlan (3-1) avant de faire tomber l’Italie (1-0) grâce à un but de Bryan Ruiz.
Son match nul acquis face à l’Angleterre (0-0), ensuite, a définitivement assuré sa qualification pour le tableau final. Les hommes de Jorge Luis Pinto ne se sont en plus pas arrêtés là puisqu’ils se sont hissés jusqu’en quart de finale. Après avoir écarté péniblement la Grèce (1-1, 5-4 t.a.b) en 8ès de finale, ils ont buté sur une équipe des Pays-Bas à qui ils ont donné quelques sueurs froides, la décision se jouant même aux tirs au but (0-0, 3-4 t.a.b).

LA CORÉE DU SUD EN 2002

Les Sud-Coréens ont réalisé l’exploit de se hisser jusque dans le dernier carré de la Coupe du monde 2002, organisée à domicile.
Organiser une Coupe du monde peut avoir un coté galvanisant. Six nations ne diront pas le contraire. L’Uruguay (1930), l’Italie (1934), l’Angleterre (1966), l’Allemagne de l’Ouest (1974), l’Argentine (1978) et la France (1998) ont en effet toutes soulevé le trophée à domicile, c’est un fait. Le cas de la Corée du Sud est en revanche intéressant. Co-organisateur avec le Japon en 2002, le pays du matin frais avait créé la surprise en signant un parcours pour le moins remarquable.

Auparavant jamais sortie de la phase de groupes, la Corée du Sud a cette fois fait les choses jusqu’au bout. Après avoir battu la Pologne (2-1) et le Portugal (1-0) et fait match nul contre les États-Unis (1-1), les Sud-Coréens, premiers de leur groupe, ont enchaîné deux exploits retentissants en éliminant coup sur coup l’Italie (2-1, a.p), en 8ès de finale, puis l’Espagne (0-0, 5-3 t.a.b) en quart. Il aura fallu un but de Michael Ballack, dans le dernier quart d’heure, pour que l’Allemagne mette un terme dans le dernier carré à l’aventure sud-coréenne (0-1), achevée à la quatrième place après le revers anecdotique contre la Turquie (2-3).

LA BULGARIE ET LA SUÈDE Bulgarie EN 1994

Bourreau de l’équipe de France lors des éliminatoires, la Bulgarie a largement fait honneur à sa qualification pour le Mondial 1994. Sur le sol américain, les Bulgares ont réalisé plus d’un exploit. Éliminés en demi-finale par l’Italie (1-2), les partenaires de Hristo Stoitchkov, auteur de trois buts dans la compétition, ont tout de même battu coup sur coup l’Argentine (2-0), en phase de groupes, puis l’Allemagne (2-1), en quart de finale. Soit les deux finalistes de la précédente édition. Rien que ça.
Et clin d’œil du destin, la Suède, qui était dans le même groupe que la Bulgarie et la France en éliminatoires, a également créé la surprise au cours de cette Coupe du monde. Alors qu’ils n’avaient plus passés les poules depuis 1958, année lors de laquelle ils se sont inclinés en finale, les Scandinaves ont réalisé un parcours idyllique en accrochant le Brésil (1-1) dans le groupe B puis en se hissant jusque dans le dernier carré, après avoir sorti l’Arabie saoudite (3-1) et la Roumanie (3-2). Les Suédois n’ont depuis cette date jamais fait aussi bien, manquant même de se qualifier lors de quatre éditions, dont celle au Qatar en 2022.

CAMEROUN EN 1990

Le Cameroun a été le premier pays africain à se qualifier en quart de finale d’une Coupe du monde. C’était en 1990, lorsque Roger Milla menait encore l’attaque des Lions indomptables.

La dernière Coupe du monde de Roger Milla aura été la plus faste pour le Cameroun. Malgré ses 38 printemps, l’attaquant de la JS Saint-Pierroise a porté sa nation vers un quart de finale historique pour le continent africain puisqu’aucune autre nation n’y était parvenue. Mais le premier exploit des Lions indomptables, en 1990, se situe au match d’ouverture.
À Milan, alors que tout le monde s’attendait à un récital de l’Argentine de Diego Maradona, tenante du titre, le Cameroun a fait fi de toutes les perspectives et s’est offert le scalp de l’Albiceleste (1-0). Le but de François Omam-Biyik a suffi au bonheur camerounais et a lancé la belle aventure, poursuivie avec la première place du groupe devant la Roumanie (et l’Argentine, parmi les meilleurs troisièmes) ainsi qu’une qualification face à la Colombie (2-1). Les Lions indomptables se sont donc arrêtés aux portes du dernier carré, barrés par l’Angleterre (2-3, a.p) et deux penalties de Gary Lineker, dont l’un en prolongation.

LA CORÉE DU NORD EN 1966

Dès sa première participation et seulement deux ans après son premier match officiel, la Corée du Nord a marqué le coup. Sa qualification pour la Coupe du monde 1966, disputée en Angleterre, a beaucoup fait parler dans les deux sens. Sur le plan extra-sportif d’abord, dans la mesure où le Royaume-Uni n’avait pas reconnu la légitimité du gouvernement de Pyongyang depuis la guerre de Corée. Si son drapeau a finalement été hissé, son hymne n’a jamais retenti dans les enceintes anglaises avant les rencontres. C’est donc dans ce contexte que les Nord-Coréens ont abordé la phase de groupes du Mondial.
Ils ont ensuite fait parler d’eux en faisant valoir leurs qualités sur le terrain. La surprise fut totale puisqu’ils décrochèrent leur qualification pour le tableau final en terminant à la deuxième place de leur groupe, dans des conditions absolument dingues. Le but inscrit en toute fin de rencontre face à l’Italie, lors de la troisième journée, a renvoyé les doubles champions du monde à la maison.

La Corée du Nord s’est ensuite hissée jusqu’en quarts de finale, battue par le Portugal (3-5) après avoir mené trois buts à zéro. Un scénario renversant, qui ne s’est depuis plus produit puisque le pays n’a ensuite participé qu’à une seule phase finale. C’était en 2010, les Chollimas ayant subi trois défaites contre le Brésil, le Portugal et la Côte d’Ivoire.

LE MAROC EN 2022

Le Maroc est devenu la première nation africaine à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde de football en battant le Portugal 1-0, mettant probablement fin aux chances de Cristiano Ronaldo de gagner, un jour, le trophée le plus prestigieux de son sport.

Youssef En-Nesyri a réussi le filet décisif à la 42è minute de jeu, permettant ainsi au Maroc de poursuivre son improbable parcours, qui a suscité un élan de fierté dans le monde arabe à l’occasion de la première Coupe du monde organisée au Moyen-Orient.
Il s’agit d’un moment décisif dans l’histoire de la Coupe du monde, avec une nation africaine qui atteint enfin les niveaux habituellement réservés aux équipes européennes ou sud-américaines.
Le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) ont tous participé aux quarts de finale mais ne sont pas allés plus loin.

ÉLIMINER LE PORTUGAL, LE MAROC L’A DÉJÀ FAIT !

Si les supporters du Maroc ont surtout en mémoire la défaite de 2018 lors de la deuxième journée de la phase de groupes (0-1), synonyme d’élimination et vécue comme une injustice en raison de l’arbitrage controversé, les Lions de l’Atlas avaient connu un précédent plus heureux face au Portugal en Coupe du monde.
Celui-ci remonte à l’édition 1986 au Mexique. Après deux 0-0 contre la Pologne et l’Angleterre, les Marocains font face à la Seleçao lors de la dernière journée du groupe F. Un match nul suffit aux deux équipes pour se qualifier mais cela ne va pas empêcher Badou Zaki et ses coéquipiers de se donner à fond, sans calcul et sans complexes. Portés par un doublé d’Abderrazak Khairi, les Lions de l’Atlas créent la sensation en s’imposant 3-1. Résultat : ils deviennent la première équipe africaine de l’histoire à se qualifier pour les 8ès de finale de la compétition et terminent en plus premiers du groupe en renvoyant à la maison un Portugal miné par les problèmes extrasportifs.
Comme un clin d’œil du destin, 36 ans plus tard, c’est de nouveaux face à la Seleçao que le Maroc a l’occasion d’ouvrir la voie et de marquer l’histoire en devenant la première sélection africaine à se qualifier pour les demi-finales du Mondial. Avec une source d’inspiration déjà toute trouvée !
Et à l’extérieur de la pelouse, cette équipe marocaine, dirigée par Walid Regragui, qui est né en France, et qui compte 14 joueurs nés à l’étranger, unit le monde arabe, inspirant des manifestations d’identité arabe de la part de fans dans différents pays.

Il n’y a aucune raison pour que le Maroc ne puisse pas aller jusqu’au bout et gagner le tournoi, après avoir dominé le Groupe F qui comprenait la Belgique, classée deuxième au monde, et la Croatie (12è), également demi-finaliste.

Et voilà que le Maroc vient d’éliminer deux poids lourds européens, l’Espagne, après une séance de tirs au but en huitièmes de finale, et le Portugal en quarts de finale.
La défense du Maroc n’a toujours pas accordé de buts à un joueur rival depuis le début de la Coupe du monde de football de 2022, le seul qu’elle a donné a été un but contre son camp face au Canada en phase de groupe, et elle a tenu en échec une troupe portugaise qui avait battu la Suisse 6-1 en huitièmes de finale pour se propulser parmi les favoris.
Si Lionel Messi sera présent en demi-finale avec l’Argentine, l’autre grand du football de cette génération, Cristiano Ronaldo n’y sera pas.

De Saïd Diarrassouba