À PROPOS DU SPORT MALIEN: Pourquoi les clubs maliens accèdent rarement à la phase de groupes des compétitions interclubs de la CAF ?

À PROPOS DU SPORT MALIEN: Pourquoi les clubs maliens accèdent rarement à la phase de groupes des compétitions interclubs de la CAF ?

25 novembre 2022 Non Par admin

 

Votre rubrique « À PROPOS DU SPORT MALIEN » a pour invité Modibo Coulibaly, 3è vice président de la Fédération Malienne de Football. Une seule question : pourquoi les clubs maliens accèdent rarement à la phase de groupes des compétitions interclubs de la CAF ? Le cas du Djoliba AC.

Lisez-le!

 

MODIBO COULIBALY

 

 » Je crois que ce n’est pas que le Djoliba AC. Ce sont tous les clubs maliens. Depuis plusieurs années, nous avons des difficultés à franchir certaines étapes. Cela est dû à beaucoup de contraintes. C’est d’abord une question d’organisation interne. Vous n’êtes pas sans savoir que le football malien a subi une grave crise laquelle a énormément impacté négativement sur les performances des clubs qui se sont auparavant régulièrement présentés dans les compétitions interclubs de la CAF. Ça, c’est quelque chose qui est indéniable. Ensuite, il y a le niveau financier des clubs parce que le football est lié à l’argent et les clubs qui sont nos adversaires sont tous mieux lotis que nous sur le plan financier. Nous faisons de gros efforts pour nous mettre au niveau de ces clubs sur le terrain afin d’essayer de les battre sinon dans les conditions normales, les clubs maliens doivent pas gagner en prenant par exemple, contre les équipes de l’Afrique du Nord. Sincèrement, je vous avoue que c’est dans les conditions très difficiles que nous abordons les compétitions africaines.

Dans ces dernières années, il y a eu beaucoup de problèmes pour simplement permettre aux clubs d’effectuer les déplacements voire les voyages pour aller jouer les matches. Ça, c’est juste le déplacement. Nous ne parlons pas de l’organisation autour des compétitions qui exige d’énorme sacrifices financiers. Ne disposant pas de ces atouts, nous partons vraiment à la chasse de la chance. Sincèrement, les clubs maliens sont très défavorisés. Dans les autres pays de la région, ce n’est pas comme cela que ça se passe. Moi, je suis allé jouer contre le Horoya AC. En Guinée, non seulement, les dépenses sont prises en charge par l’état mais les matches que le Horoya AC organise à Conakry, les recettes vont directement dans les caisses de Horoya AC. Chez nous, c’est totalement le contraire. À Bamako, les clubs n’organisent pas de matches. Non seulement, nous nous prenons en charge mais nous n’organisons pas nos propres matches. Tous les matches que nos clubs jouent à Bamako, les recettes vont immédiatement dans les caisses du budget d’État. La Fédération Malienne de Football à sa côte part. Mais, le club ne perçoit absolument pas un centime. Ça, c’est inimaginable. Dans ces conditions, c’est difficile de faire de rendements sur le plan continental. Je pense qu’il faut changer tout cela pour permettre aux clubs de performer. Imaginez, sous nos tropiques, certains clubs perçoivent 50 à 70 millions de FCFA par saison. Au Mali, nous avons 20 millions de FCFA par an. Depuis quelques années, l’Etat ne donne pas de l’argent aux clubs. Pourtant, avant, l’Etat malien prenait en charge les frais de déplacement des clubs lors des interclubs de la CAF. Maintenant, ce n’est pas le cas. L’Etat s’est désengagé martelant que nos clubs sont privés. Mais justement, quand un club privé joue également son match, qu’il l’organise donc et que les recettes lui reviennent. C’est cela aussi la logique. C’est dommage!

Pire, ce sont les clubs qui payent les factures de tous les défauts organisationnels parce que la CAF ne connaît que le club et non l’Etat. Elle ne sait réellement pas que le club n’est pas l’organisateur de son match au Mali. Chose plus grave, aucun des membres du bureau du club devant jouer à Bamako ne figure parmi les membres de la commission d’organisation. Cela a toujours été mon combat. J’ai écrit moult fois au ministère des sports et à la Fémafoot pour demander au moins qu’un de nos membres soit dans la commission d’organisation, ça n’a jamais marché.

L’autre grosse difficulté, c’est la culture du sponsoring. Cela n’existe pas au Mali. Les commerçants, les opérateurs économiques, les sociétés et entreprises préfèrent donner 10 millions de FCFA pour 30 secondes à 2 minutes de publicité à une télé que d’investir dans un club qui va jouer avec son effigie et son macaron sur les maillots devant plusieurs spectateurs.

À ce niveau aussi, nous pensons qu’il est du devoir de soutenir financièrement les clubs en obligeant les sociétés d’État à sponsoriser les équipes ou en créant les conditions pour les entreprises privées de soutenir les clubs tout en améliorant leur taxes.

C’est très difficile pour nos clubs de faire des performances au niveau continental dans ces conditions pas intéressantes. Honnêtement, c’est un exploit quand un club malien se qualifie pour la phase de groupes d’une compétition de la CAF ».

 

Propos recueillis par Saïd Diarrassouba