SPÉCIAL MONDIAL DE FOOTBALL QATAR 2022 – « MONDIAL DE LA HONTE » AU SACRE DE L’ARGENTINE, UNE COUPE DU MONDE PAS COMME LES AUTRES

SPÉCIAL MONDIAL DE FOOTBALL QATAR 2022 – « MONDIAL DE LA HONTE » AU SACRE DE L’ARGENTINE, UNE COUPE DU MONDE PAS COMME LES AUTRES

21 décembre 2022 Non Par admin

La Coupe du monde au Qatar s’est achevée ce dimanche 18 décembre par le sacre de l’Argentine après trente jours de compétition. Voici le récit d’un évènement sportif qui a marqué l’histoire sur et en dehors des terrains.

Toutes les coupes du monde ont une histoire singulière. Celle qui vient de s’achever le 18 décembre en est un exemple criant. Jamais, en effet, le plus gros évènement sportif planétaire n’avait fait autant de bruit.

Il faut dire que les critiques ont fusé dès que le Qatar a officiellement été désigné pays hôte le 2 décembre 2010. Suspicion de corruption, choix du calendrier, conditions des travailleurs étrangers, empreinte carbone de l’évènement, droits humains… cette Coupe du monde a rapidement été qualifiée de « Mondial de la honte ».

LE GESTE FORT DES ALLEMANDS

Alors que la question du boycott battait son plein en Europe, que sur les réseaux sociaux des vidéos de «faux supporters» étaient pointés du doigt et qu’une nouvelle polémique éclatait avec l’interdiction de la vente d’alcool aux abords des stades, le match d’ouverture Qatar – Équateur a lancé le coup d’envoi de la compétition le 20 novembre. Une journée marquée par la première défaite du pays hôte – décevant lors de ce Mondial à la maison – et la stupéfaction à l’annonce de temps additionnels hors-norme.

L’Angleterre s’est ensuite offert le premier carton de la compétition (6-2) face à l’Iran. Dirigée par le Portugais Carlos Queiroz, la sélection a été bousculée tout du long du Mondial par la situation dans son pays, où les manifestations contre le régime et la répression s’intensifiaient au même moment. Les joueurs ont pris position en s’abstenant de chanter l’hymne nationale lors de leur premier match dans la compétition.

Les premières journées ont également été marquées par l’attention accordée par les médias au contexte entourant le Mondial. L’attitude des joueurs a particulièrement été scrutée et questionnée. Pendant que plusieurs sélections participaient à un entraînement en compagnie de travailleurs immigrés au Qatar, la polémique liée au port du brassard One Love a enflé. Sept fédérations avaient prévu d’afficher leur soutien à la communauté LGBT +, avant de finalement renoncer, conséquence des menaces de sanctions sportives de la Fifa.

En réaction, les joueurs allemands ont posé lors de la photo d’équipe officielle en cachant leur bouche avec leur main. « Nous interdire de porter le brassard, c’est nous interdire de parler », dénonçait leur fédération dans un communiqué. Quelques dirigeants européens ont également défié le pays hôte en s’affichant dans le stade avec un brassard ou un vêtement aux couleurs arc-en-ciel.

Sur le terrain, les sensations n’ont pas tardé. Vainqueure de cette Coupe du monde, l’Argentine a d’abord été renversée par l’Arabie Saoudite pour son entrée en lice. Une victoire symbolique pour les pays du Golfe en quête de légitimité footballistique. Une victoire qui a également permis au Qatar et à l’Arabie Saoudite d’afficher une solidarité au-delà de la rivalité qui existe entre les deux pays.

Quelques jours plus tard, lors du troisième match de la phase de poules, Stéphanie Frappart est devenue la première femme à arbitrer lors d’une Coupe du monde masculine. Pendant qu’elle entrait dans l’histoire en dirigeant la rencontre Allemagne – Costa Rica, on assistait à un scénario incroyable : pendant cinq minutes l’Allemagne, championne du monde en 2014, et l’Espagne, vainqueure en 2010, étaient virtuellement éliminées.

Seuls les Allemands ont finalement pris la porte, comme les Belges, autre surprise parmi les éliminés. À l’inverse, l’Australie décrochait son billet pour la phase finale pour la première fois de son histoire, tandis que le Maroc et le Japon s’adjugeaient la première place de leur groupe. Signe que lors de cette Coupe du monde, l’écart entre petits et grands s’est réduit.

LE MAROC ENTRE DANS L’HISTOIRE

En huitièmes de finale, la logique a finalement été respectée. Brésil, Angleterre, France, Portugal… les favoris ont sorti les crocs pour atteindre le prochain tour. De l’autre côté, les scènes de liesse marocaines ont démarré. Après avoir fait match nul face à la Croatie et battu la Belgique et le Canada en poule, les Lions de l’Atlas ont continué à rugir. Ils ont sorti l’Espagne et le Portugal de Cristiano Ronaldo – en pleurs à la fin de la rencontre, comme Neymar la veille.

Le Portugais réalisait là peut-être qu’il venait de disputer, à 37 ans, son dernier match de Coupe du monde. Pour le Brésilien, ce fut des larmes de désillusion. Battue en quarts de finale par la Croatie aux tirs au but, la Seleçao a une nouvelle fois échoué à répondre aux attentes. À l’inverse de l’Argentine, portée par un Lionel Messi avide du seul titre qu’il manquait à son immense palmarès.

Dans l’autre partie de tableau, les champions du monde 2018 ont montré qu’ils avaient les reins solides. En sortant vainqueurs du choc face au voisin anglais, les Bleus ont réalisé les rêves de deux peuples. Un duel hautement symbolique entre le Maroc, ancienne colonie française, et la France, où vit une large diaspora marocaine. «France – Maroc, c’est comme si mon père jouait contre ma mère» , résumait l’un de nos journalistes.

UN BOUQUET FINAL INÉDIT

Solide, l’équipe de France a mis fin à l’épopée des Lions de l’Atlas (2-0), qui n’avaient jusque-là pas concédé le moindre but dans la compétition. La finale pour le pays hôte qatari était rêvée : un duel entre ses deux stars du Paris Saint-Germain, le Français Kylian Mbappé et l’Argentin Lionel Messi.

Après une petite finale remportée par la Croatie la veille, le duel entre les deux joueurs a bel et bien eu lieu le 18 décembre au stade Lusail, tel le parfait bouquet final pour clore cette Coupe du monde. Rarement le match pour le titre avait été aussi rocambolesque. Une rencontre relancée après deux buts en deux minutes, un triplé, une séance de tirs au but… la bataille pour la troisième étoile a fait grimper le rythme cardiaque de part et d’autre de l’Atlantique.

Les tenants du titre ont finalement abdiqué. Si le Qatar a été le théâtre de records pour les Bleus (Olivier Giroud meilleur buteur de l’équipe de France, Hugo Lloris international français le plus capé), ils n’auront pas réussi à marcher dans les pas de l’Italie (1934, 1938) et du Brésil (1958, 1962) qui avaient su conserver leur couronne.

C’est au tour de l’Argentine de Lionel Messi, après celle de Diego Maradona en 1986, de monter sur le toit du monde. Et de lier, pour toujours, son nom à cette Coupe du monde 2022 au Qatar.

Source: Ouest-France