À PROPOS DU SPORT MALIEN: MODIBO SIDIBÉ, ANCIEN DÉFENSEUR CENTRAL INTERNATIONAL DES AIGLES DU MALI

Dans l’axe, il était puissant, fort dans les duels et, prenait le dessus sur son adversaire direct.

Il possédait une bonne détente et un bon timing. Il était aussi très vif ce qui lui permettait de réagir au mieux aux changements de direction imposés par les mouvements des adversaires. Il était bien évidemment doté d’une bonne pointe de vitesse pour pouvoir lutter contre des attaquants adverses rapides ce qui lui mettait d’être à l’aise pour couvrir son partenaire axial.

Technique mais pas forcément la “technique pure”, il avait la réputation essentielle d’être adroit dans la relance et dans la frappe de balle. Vraisemblablement, il était doté d’une technique sûre qui l’aidait à éviter les pertes de balle, qui sont très dangereuses dans la zone défensive du terrain. Il savait aborder un duel, maîtriser la distance avec l’attaquant, défendre debout ou être capable de tacler quand il le fallait, c’est aussi de la technique !

À cette époque, il y avait deux profils bien distincts de défenseurs centraux : le stoppeur et le libero. Pour caricaturer, il y avait la brute et l’esthète. L’ un était censé effectuer un marquage à la culotte de l’attaquant adverse pendant que l’autre était chargé, dans une position plus reculée, de couvrir sa défense et d’intervenir en cas de besoin.

Ces deux profils sont aujourd’hui en voie de disparition, tant au niveau professionnel qu’amateur. La plupart des équipes utilisent une défense à quatre, où les deux défenseurs centraux évoluent “à plat”, sans que l’on puisse distinguer un stoppeur et un libero.

Modibo Sidibé était un libero à l’ancienne reculé 10 mètres derrière leur défense. Ayant une bonne taille, une donnée très importante pour les défenseurs centraux, Modibo avait toujours la facilité de prendre des ballons de la tête. Il était aussi utile pour apporter le danger sur les coups de pieds arrêtés offensifs. C’est par exemple un but sur coup franc que Modibo Sidibé qualifia les Aigles du Mali en demi-finale de la CAN Tunis 1994 face au pays organisateur.

Aimer dominer son adversaire direct, l’empêcher d’avancer. Haïr perdre des duels et laisser son attaquant filer au but. Et y rajouter une pointe de vice, en cas de besoin, voici l’aspect mental de l’ancien défenseur central international malien Modibo Sidibé. Sa qualité de leadership lui a valu de porter durant plusieurs saisons le brassard de capitaines.

Intraitable dans les duels, impressionnant dans les airs, excellent relanceur, serein balle au pied, doté d’un sens de l’anticipation aiguisé, l’ancien capitaine de l’USFAS, Modibo Sidibé a fait fantasmer supporters, entraîneurs et observateurs.

Ancien défenseur du Djoliba AC, de l’USFAS et de l’AS Police, le natif de N’Tomikorobougou a été révélé au lycée Askia Mohamed lors des tournois interscolaires.

« En 1992, le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, en collaboration avec l’Officier des Sports et les responsables militaires, décida de donner un nouveau visage à l’équipe de l’Union Sportive des Forces Armées et de Sécurité (USFAS). C’est ainsi que plusieurs joueurs notamment Cheicnkna Sow dit Pelé, Bassidiki Touré, Mamadou Keïta, Modibo Dembélé dit Gigla, Boubacar Diallo dit Bol ou Saharaoui et moi avions saisi l’occasion d’intégrer l’Armée Malienne. Moi, j’ai opté pour la police avec le grade de sergent mais j’évoluais en D1 à l’USFAS où nous avions disputé et perdue deux finales de coupe du Mali en 1993 et en 1995, la première contre le Djoliba AC et la seconde face au Stade Malien de Bamako.

En 2000, l’AS Police (D2) m’a fait signé mais à cause de mon âge, j’ai joué une saison et j’ai raccroché les crampons. Après, l’administration de la Police m’a sollicité dans l’encadrement technique », confie Modibo Sidibé.

Recruté dans la police avec le grade de sergent, Modibo Sidibé est promu sergent-chef en 1996. Admis au concours professionnel d’inspectorat, il devient inspecteur en 2005. Modibo Sidibé a désormais le grade de Commandant de Police, anciennement appelé Commissaire Divisionnaire.

Modibo Sidibé explique comment il a eu la force mentale de qualifier les Aigles du Mali lors de la dernière journée le 25 juillet 1993 face au Maroc (2-1).

« Ce soir-là feu Sory Ibrahim Touré dit Binkè prend le ballon et se dirige directement vers moi pour me demander de libérer le peuple malien. J’ai pris le ballon pour le déposer au coin de penalty. J’étais convaincu de le tranformer car depuis l’internat l’encadrement technique et les joueurs avaient déjà porté leur choix sur moi en cas de situation standard. Honnêtement, le geste de feu Binkè m’a davantage mis en confiance. Je suis parvenu à le transformer et cela a permis au Mali de se qualifier à la CAN Tunis 1994. Nous avons été éliminés par la Zambie en demi-finale ».

Acteur considérable de l’Amicale des Anciens Footballeurs de N’tomikorobougou,

Modibo Sidibé en est le coach principal.

Notre directeur de publication est membre de ladite amicale et grand milieu distributeur.

DE SAÏD DIARRASSOUBA